Le Radeau de la Méduse : l’autre histoire du Banc d’Arguin
La fameuse frégate « La Méduse » dont le tragique épisode du radeau fut peint en 1819 par Théodore Géricault se serait donc échouée sur le Banc d’Arguin ? Tout à fait ! Mais pas celui que tous les arcachonais connaissent. Arcachon Ecotours s’est penché sur l’histoire d’une homonymie qui ne doit (presque) rien au hasard.
Le Banc d’Arguin, version Mauritanie
Nous sommes le 2 Juillet 1816. 4 vaisseaux français naviguent au large des côtes mauritaniennes, en direction du Sénégal, dont L’Argus et la Méduse. Ce dernier est dirigé par Hugues Duroy de Chaumareys, un capitaine qui n’a pas navigué depuis 25 ans. Le mauvais navigateur fait alors s’échouer son bâteau sur le banc de sable d’Arguin, aux larges de la Mauritanie. Un banc qui étaient pourtant trés connu pour être un piège à bateaux qui s’y échouaient.
Les suites de ce naufrage, le monde entier les connait pour les avoir vues peintes par le peintre et lithographe romantique français Théodore Géricault deux ans plus tard sous le nom du fameux « Radeau de la Méduse ».
S’ils sont 400 passagers au sein de « La Méduse », seuls 150 parviennent à se maintenir à la surface, les premières heures, au moyen d’un radeau de fortune. 12 jours plus tard, moins d’une dizaine d’entre eux arrivent en vie à Saint Louis du Sénégal, en ayant enduré la soif, la faim, la folie et même le cannibalisme.
A l’époque, pas besoin de réseaux sociaux pour que cette nouvelle fasse le tour du monde. Le drame se transforme vite en scandale d’ampleur internationale, en raison de la responsabilité de cet officier de marine jugé incompétent.
Quel rapport avec « notre » Banc d’Arguin ?
3 000 km séparent les côtes Atlantiques et les côtes Mauritaniennes. Alors quel rapport, me direz-vous, entre ces deux bancs d’Arguin ? Un peu tout, en fait…

Nous sommes cette fois 20 ans plus tard, en 1835. L’hydrographe de la marine royale, M.P. Monnier, est envoyé dans notre région pour cartographier le Bassin et les passes. Il constate alors des similitudes entre les sites africains et aquitains. Et décide tout simplement de donner le nom d’Arguin aux bancs arcachonais.
Une autre explication est donnée par certains géographes, en plus de la simple « similitude » de paysage. Il semblerait que les cartographes de l’époque ont emprunté à la géographie et à l’histoire du littoral mauritanien la mémoire de ce terrible naufrage pour attirer l’attention des navigateurs sur la dangerosité des écueils mouvants du bassin.
Quelle origine du nom « Banc d’Arguin » ?
Comme expliqué ICI, le banc aquitain, connu depuis des siècles, ne portait de nom sur aucune des cartes anciennes, même sur le Plan du bassin d’Arcachon levé en 1813 par Ange-Marie-Aimé Raoul et qui parait en 1817, un an après le naufrage.
En 1835 l’ingénieur hydrographe Paul Monnier (1794-1843) lève à son tour sa carte du bassin d’Arcachon. Frappé comme tant d’autres par le naufrage de la Méduse, il baptise ces hauts-fonds du nom importé de banc d’Arguin.
Oui mais pourquoi « Arguin » ?

Il n’existe aucune certitude quant à l’origine du nom « Arguin ». L’autre banc d’Arguin, le Mauritanien, aurait été baptisé ainsi au XVème siècle sous la domination portugaise. Et « Arguin » serait issu d’un mot berbère désignant une plante locale (peut-être la salicorne).
Les portugais empruntèrent le toponyme au nom donné au lieu par la tribu berbère de pêcheurs locaux, les Azenegues. Théodore Monod parle de « l’île des salicornes », appelée « arjem » par les Maures, dans l’essai qu’il a rédigé au moment du classement en réserve naturelle, sur l’île d’Arguin.