L’histoire du berger « landais » au Pays de Buch est intimement liée à celle de l’agriculture du Bassin d’Arcachon. Arcachon Ecotours vous offre un petit voyage dans le temps pour mieux comprendre l’histoire de ces échassiers
Durant des siècles, avant que n’arrivent le chemin de fer et les routes empierrées, les habitants du Pays de Buch ont vécu entre sable et mer, apparemment isolés du reste du monde.
Symbole du vieux système agro-pastoral en voie de disparition, le berger sur échasses est encore très présent dans le pays de Buch. On le rencontre tous les jours dans la forêt, les dunes côtières, dans ce qui reste de lande et surtout dans les prés salés. Les moutons qui paissent dans les prés salés ont une chair succulente et sont très recherchés par les bouchers de Bordeaux.
La disparition des vastes pacages en Landes, entrainant la diminution des troupeaux, aura en effet de funestes conséquences pour la vieille agriculture locale.
Car les moutons ne fournissent pas seulement des gigots et de la laine, ils concourent à l’élaboration de l’engrais, sans lequel le sable aride des Landes ne porterait pas de grains.
Pour produire l’engrais, on coupe d’abord la bruyère de la Lande, le BRUC, qui servira de litière aux animaux dans la bergerie. Une litière ensuite transformée en fumier que les paysans répandent sur leurs champs.
Au début du XX ° siècle, les méthodes de culture commencent à évoluer. Peu à peu les engrais chimiques remplacent le BRUC. La sylviculture devient si profitable que les pins envahissent non seulement les landes pastorales, mais aussi beaucoup de terres cultivées.
Conséquence de ce déclin : presque tous les TCHANQUAYRES vont disparaitre après la grande guerre.
Perché sur ses échasses, surveillant du haut son troupeau perdu dans la haute brande, le pasteur d’autrefois est un homme secret et solitaire. Auréolé de mystères, on le dit un peu « sorcier « . En réalité c’est un prolétaire qui travaille le plus souvent pour des paysans ou des propriétaires, touche de maigres gages et mène une vie frugale.
Il se nourrit de pain noir frotté d’ail, de bouillies, de sardines ou de lard. Parfois, un lièvre pris au collet ou une palombe ou du poisson améliorent son ordinaire.
Ses distractions sont minces : pendant qu’il garde ces moutons appuyé sur le grand bâton qui lui sert de siége, il file la laine ou tricote chaussettes et chaussons.
Parfois, il joue un petit air sur sa TCHALEMINE, sorte de hautbois rustique ou sur le PIFRE, fifre à six trous fabriqué dans le tube d’un roseau sauvage.
Le berger se déplace rapidement, 10 km à l’heure, les pieds bien au sec. Contrairement à une légende tenace, il ne va jamais dans les marais où les moutons ne s’aventurent pas non plus.
Les embouts de ses échasses, renforcés de clous, sont bien des patins, mais en rien des patins à vase car notre homme risquerait d’enfoncer dangereusement dans les marécages. Du reste il connaît parfaitement son terrain et ne trempe ses échasses que là où le sol est stable.
Dès le XVIII ° siècle, l’abbé Baurein a défini l’utilité de cet instrument parfaitement adapté au pastoralisme landais, tour de guet autant que véhicule.
» Indépendamment que par ce moyen ils sont plus tôt arrivés dans les endroits où ils ont besoin d’aller, ils passent dans la boue sans se salir, marchent dans des endroits où il y a de l’eau stagnante sans se mouiller. Sans le secours des échasses, il ne serait pas possible aux pasteurs de garder leurs troupeaux, ni de les défendre des entreprises des loups »
Pour terminer, une anecdote savoureuse…
Félicitons le boulanger Arcachonnais Sylvain Dornon qui en 1889 à l’occasion de l’exposition universelle de Paris gravit la tour Effeil jusqu’au deuxième étage ! il n’en était pas à son coup d’essai car il réussit un autre exploit hors-normes, faire Paris-Moscou sur ses échasses !