Banc d’Arguin : les 3 arrêtés de la colère
En Juin dernier, un vent de colère a soufflé sur le Bassin d’Arcachon. Au coeur des débats entre ostréiculteurs, plaisanciers et écologistes, 3 arrêtés publiés par la Préfecture qui définissent les zones de chacun sur le trés apprécié Banc d’Arguin. Arcachon Ecotours vous aide à comprendre les enjeux qui se jouent ici.
Un décret pour commencer
Au début était le Banc d’Arguin. Un banc de sable d’environ 4 km de long sur 2 km de large à marée basse plus ou moins visible selon l’état de la marée qui, sous l’action des courants marins, des marées et du vent, change continuellement de forme et d’emplacement.
Classée réserve naturelle depuis 1972, au titre de la protection des oiseaux migrateurs qui y ont élu domicile, la zone est règlementée par le décret du 10 mai 2017 qui fixe les règles générales de son usage par les ostréiculteurs, les plaisanciers et par la circulation humaine.
Décret du 10 mai 2017, que racontes-tu ?
A l’époque, ce décret « portant extension et modification » de la réserve naturelle nationale du banc d’Arguin, signé par Ségolène Royal, ministre socialiste de l’Environnement, était trés attendu mais aussi trés contesté.
L’extension de la réserve naturelle nationale, d’une superficie totale de 4 360 hectares environ, se justifiait notamment, selon le décret, pour la stabilisation de ses limites, afin d’en faciliter sa lisibilité pour les usagers et réglementer toutes les activités de loisirs et ostréicoles.
3 informations majeures à retenir
- Une activité ostréicole régularisée qui s’étend sur 45 hectares répartis en trois zones.
- Une zone de protection intégrale, où aucun humain (excepté les gestionnaires de la réserve) ne peut aller, qui s’étend sur moins de 100 hectares.
- Un mouillage de nuit est interdit.
De l’intérêt d’un tel décret
Une réglementation stricte est donc entrée en vigueur et des zones de protection intégrale ont vu le jour. Tout simplement pour mettre un terme à l’intrusion humaine qui empêchait la reproduction des oiseaux et pour maintenir la protection des zones vitales : zone de nidification, d’alimentation et de repos.
Situé en effet en plein coeur du « Flyway européen » , couloir des oiseaux migrateurs, la réserve naturelle du Banc d’Arguin était une des pionnières en France, la première en Aquitaine.
Il s’agissait alors de sauver localement des espèces en voie de disparition comme la Sterne Caugek et à terme, protéger des espèces sensibles d’oiseaux nicheurs et d’échassiers migrateurs.

3 arrêtés et beaucoup de points de tension
Le décret du 10 mai 2017 prévoyait déjà, du fait du caractère « mouvant » du Band d’Arguin, la possibilité que « des arrêtés d’application soient pris afin de préciser les différents zonages ainsi que les règles relatives aux activités telles que le mouillage des navires, la pêche, l’ostréiculture et le débarquement de passagers ».
L’an passé, déjà, l’Etat avait étendu le périmètre de la zone de protection intégrale de la réserve naturelle afin de mieux protéger les oiseaux migrateurs.
Que racontent ces arrêtés ?
Plusieurs choses dans ces textes des 13 et 14 juin qui tiennent compte selon l’Etat « de la nécessité d’assurer la sécurité des usagers, des enjeux de préservation de la faune et de la flore au sein de la réserve naturelle, ainsi que dans l’optique de préserver certaines pratiques professionnelles ou de loisirs » :
- Les zones de protection intégrale couvrent désormais 212 ha, contre 159 ha précédemment. Aucun sentier n’existant sur le banc, ces zones interdites d’accès délimitent parties du banc ouvertes aux touristes.
- Interdiction du mouillage sur le Toulinguet quelque soit la configuration topographique du banc.
- Un point de débarquement de passagers plus au sud permet selon l’Etat « de débarquer des personnes dans un secteur plus grand et plus sécurisé que ne le permettait le point de débarquement précédemment autorisé ».

En quoi sont-il contestés ?
Ce texte prévoit notamment l’interdiction de pratiquer des activités nautiques, de pêcher dans la zone, de mouiller les bateaux et de poser le pied sur 90% du banc d’Arguin et 100% du banc du Toulinguet a provoqué le fort mécontentement (et la multiplication de manifestations) des plaisanciers, industries nautiques et usagers de loisirs.
Fin Juin, environ 300 personnes, dont 33 associations du bassin d’Arcachon, se sont alors réunies sur le port d’Arcachon pour manifester leur désapprobation, dénonçant une « mise sous cloche » inutile et « liberticide ».
Dernière actualité en la matière : le Parc Marin a donné son aval sous réserves aux zones d’implantation ostréicole sur le Banc d’Arguin.