Pollution des mers et océans : d’où vient le plastique ?
Des îles de plastique, des vortex de déchets, des continents de pollution dans les mers et océans. Chaque année, 8 millions de tonnes de plastique finissent à l’eau. Mais d’où vient tout ce plastique ? Plus uniquement des continents et des terres, contrairement à ce que l’on croyait…
Des déchets plastiques tous issus d’activités humaines
La pollution des mers, il ne faut surtout pas se voiler la face, ne vient QUE d’activités humaines. Les éléments d’origine naturelle comme les arbres, les algues ou les carcasses d’animaux ne sont pas considérés comme des déchets aquatique, puisqu’ils font partie du fonctionnement normal de l’écosystème.
Mais, pour bien comprendre de quoi l’on parle :
Qu’est-ce qu’un déchet aquatique ?
Selon Surfrider, un déchet aquatique est généralement défini comme « tout matériau ou objet fabriqué utilisé au profit de l’humanité qui est directement ou indirectement jeté ou abandonné dans les milieux aquatiques« .
On considère que ces déchets flottants, échoués ou immergés sont solides et persistants. On peut également classer les déchets en fonction de leur taille, ainsi les plus gros seront appelés « macro-déchets » et les plus petits « micro-déchets ».
Les chiffres de la pollution des mers
- Chaque année, 8 millions de tonnes de déchets en plastique sont rejetées dans les océans.
- Ils sont directement responsables de la mort d’environ 100 000 mammifères marins par an.
- 20% des déchets plastiques des océans sont générés par la flotte maritime.
- Les 80% restants proviennent d’activité terrestre.
- La grande majorité des déchets plastiques sont des emballages, soit 146 millions de tonnes.
- Les pays riches sont à l’origine de près de 40% de ces déchets.
- 10 % des déchets présents dans l’océan proviennent des activités maritimes.

Cours d’eau, fleuves, la principale source de pollution des mers
Les cours d’eau constituent l’une des sources principales de déchets provenant de l’intérieur des terres vers le littoral.
En traversant de nombreux terrains agricoles, industriels ou agglomérations urbaines, ils drainent de multiples éléments que l’on retrouvera ensuite en mer.
Mais ce sont les fleuves asiatiques qui sont désormais pointés du doigt.
90% des déchets plastiques aquatiques viendraient de 10 fleuves
En effet, selon une étude allemande de 2018, il semblerait que 90 % des déchets plastique retrouvés dans les océans proviendraient en fait de seulement dix cours d’eau asiatiques et africains. En tête de classement, on retrouve le fleuve Yang-Tsé, en Chine.
La Chine, est la grande gagnante de cette affreuse course aux déchets puisque ce pays serait responsable de 27,7% des déchets mal gérés. Devant l’Indonésie, les Philippines, le Vietnam, le Sri Lanka et la Thaïlande.
Un problème de collecte mal gérée qui pousse les déchets abandonnés près des côtes ou des fleuves à atteindre régulièrement les océans, poussés par les vents ou les eaux.

Selon les chercheurs de cette étude allemande, ces fleuves seraient responsables de la pollution plastique des océans du fait des populations importantes vivant sur leurs rives. Et de la combinaison avec une mauvaise collecte des déchets dans les pays dans lesquels ils se trouvent.
Ces fleuves sont également les plus importants du monde avec un fort débit hydraulique.
Figurent dans cette liste, après le Yang-Tsé :
- le Yangzi Jiang, (ex-fleuve Bleu), le fleuve Jaune ;
- le Hai He
- le Zhu Jiang ( ou rivière des Perles), également en Chine ;
- l’Indus, qui relie le Pakistan à la Chine ;
- l’Amour qui traverse notamment la Russie et le nord de la Chine ;
- le Mékong, en Asie du Sud-Est ;
- le Nil ;
- le Niger ;
- le Gange, qui débouche en Asie du Sud sur le golfe du Bengale.
Selon les scientifiques, ces dix fleuves seraient responsables de 88 à 95 % de la déverse océanique mondiale de déchets en plastique de toutes les tailles.
Une solution pour diviser par deux les déchets plastiques ?
« Plus il y a de déchets dans un bassin versant, plus le plastique finit dans la rivière et prend la route de la mer. Cibler ces dix cours d’eau pourrait permettre de diviser par deux l’apport en plastique de leurs bassins versants. Pour y parvenir, il serait nécessaire d’améliorer la gestion des déchets et de sensibiliser le public à la question », a expliqué Christian Schmidt, le responsable de l’étude allemande.
Les scientifiques prévoient également d’examiner le temps nécessaire aux débris de plastique pour atteindre l’océan après avoir été jetés dans un cours d’eau afin de mieux identifier les moyens d’action.
La pêche, autre responsable des déchets plastiques dans les océans ?
Il est primordial de distinguer deux types de pollution marine :
- D’une part, les plages autour des grands centres urbains, avec un plastique qui vient des côtes (bouteilles, sacs et emballages en plastique), des objets légers qui coulent facilement et sont moins emportés par les courants.
- D’autre part, ces vortex de déchets qui contiennent des fragments d’objets d’origine incertaine, ainsi que des articles utilisés par la marine marchande et les navires de pêche (bouteilles consommées à bord, mais aussi filets, cordes, bouées, cagettes, casques, flotteurs…).

Le grand vortex de déchets du Pacifique est ainsi composé pour moitié de filets de pêche (en masse), estime une équipe qui a publié une étude dans Scientific Reports en 2018.
L’océanographe Laurent Lebreton, l’un des auteurs de cette étude, raconte avoir trouvé dans le Pacifique d’énormes amas de filets créés par les pêcheurs, appelés « dispositifs de concentration de poissons », dans le but d’attirer les poissons.
« Souvent ils ne les récupèrent pas et les perdent. On en a retrouvés de plusieurs tonnes. Tout le monde parle de sauver les océans en arrêtant les sacs en plastique, les pailles et les emballages à usage unique. C’est important, mais nous quand on part dans l’océan, ce n’est pas nécessairement ce qu’on trouve », dit le chercheur.