Les portraits du Bassin, un DVD pour passer la mémoire
D’abord, il y a Éliette qui chante partout, tout le temps. Puis, il y a Jean-Pierre , dingue de l’Argentine et de son tango, qui a connu Borgès. Et il y a Jean-Pierre, muletier, et Michèle, ostréicultrice. Et aussi Hubert qui fabrique des maquettes et participe à des régates de pinasses à voile. Et enfin, il y a Pierre-Jean, qui dirige l’aquarium d’Arcachon. Ils ont en commun de vivre sur le Bassin et de l’avoir dans le sang, le cœur et la mémoire. Des histoires à raconter, ils en ont à la pelle. Ces « Portraits du Bassin » font office de témoignage !

Les petites histoires dans la grande Histoire
Créée par la société de production Saison Cinq en partenariat avec France Télévisions, les « Portraits du Bassin » est une série documentaire de 12 à 15 minutes réalisée par Pierre Bouchilloux, Sébastien Hondelatte et Camille Teixeira. Lumière et prises de vue naturelles, sans commentaire, sans montage ou presque, on est très proches de l’esprit « Strip Tease », cette émission culte qui n’avait pas son pareil pour dénicher des personnages atypiques. Mais ici, c’est par la richesse de leurs souvenirs que les hommes et les femmes de ces portraits se distinguent.
Ils ressemblent à notre grand-mère, à notre grand-père ou bien à un ancêtre, un ami de la famille, un voisin. Ils habitent le Bassin autant qu’ils en sont habités. Lorsqu’ils racontent leurs souvenirs, leurs sourires sont discrets mais contagieux et leurs yeux, parfois, sont envahis d’étoiles.
Dans le DVD, six portraits ont été repris : Éliette Dupouy, Jean-Pierre Bernés, Jean-Pierre Sournet, Hubert Charpentier, Michèle Clément et Pierre-Jean Labourg. Tour à tour, chacun va parler de ce qu’ils connaissent le mieux : leur Bassin, leur Val de Leyre. Terres de leur enfance, de leur vie, de leur vieillesse. En un instant, on y est transportés.

Un livre ouvert sur la mémoire
En ce temps-là, on ne croise que des mules sur les routes qui tirent des carrioles chargées à bloc de tuiles pour les ostréiculteurs, de résine de pin ou de bois pour les boulangers et il faut huit heures pour faire le trajet jusqu’à Bordeaux. Les petites filles gardent les vaches ou apprennent la couture « parce que c’est toujours utile ». Et la mer, surtout, ne se dompte pas, « on la respecte, on ne la dérange pas trop, le moins possible ». C’est une vie au rythme des saisons et des chansons. Chansons qu’Éliette Dupouy connaît sur le bout des doigts et a à cœur de transmettre pour honorer une promesse faite à ces travailleurs et travailleuses exerçant des métiers qui n’existent plus.
Plus qu’un voyage dans le temps, c’est une encyclopédie à cœur ouvert qui nous est offerte. Toutes ces histoires, ces anecdotes sur une blanchisserie ou une limonade prise sur le bord de la route par une chaude journée d’été, trouveront un écho chez le public puisque c’est la mémoire de sa propre région qu’on lui livre, clefs en main. Transportés, oui, mais également instruits, éclairés. On découvrira ainsi qu’une avancée primordiale dans l’étude du cerveau humain a été réalisée en partie grâce aux torpilles d’Arcachon. Ou qu’un ami et collaborateur de l’immense écrivain Jorge Luis Borges vivait, il y a peu encore, à Audenge, dans une maison devant laquelle bon nombre d’entre nous sont sans doute déjà passés.

Hauts en couleurs, tantôt attachants, tantôt fascinants, ces hommes et ces femmes ont tout du personnage de roman. Et parce qu’on peut les croiser dans la rue, au marché, sur le port, parce qu’on les connaît peut-être déjà, on a l’impression d’y vivre nous aussi dans ce roman. Un grand et fourmillant roman né dans notre Histoire et écrit pour les autres, pour les générations futures.
Depuis le tournage, Éliette Dupouy et Jean-Pierre Bernés sont décédés, tous deux dans l’année 2020. Avec eux disparaissent une partie de leur mémoire, une somme d’histoires et de souvenirs qu’ils leur restaient à raconter, à transmettre. C’est dire l’importance et l’urgence d’un projet tel que « Les Portraits du Bassin ».
Découvrez les documentaires sur cette page : https://www.portraitsdubassin.fr/portraits/
Et pour vous donner envie, voici le documentaire sur Jean-Pierre Sournet, né sur le Bassin d’Arcachon, habitant de la forêt des Landes de Gascogne.
Vous voulez en savoir plus sur le Bassin d’antan, découvrez cet article sur « Le Ski sur Aiguille de Pins« , celui sur « La Pêche et la Chasse Traditionnelles sur le Bassin« , sur « Les Bergers et l’Agriculture » ou encore celui sur l’incendie du « Casino Mauresque« .