C’est l’histoire de plus de 130 000 personnes qui vivent à côté d’une mine d’or et qui l’ignorent. Certains en ont eu vent bien entendu mais peu d’entre eux ont réellement conscience de son inestimable valeur. Arnaud Nadau est de ceux-là. Depuis de nombreuses années, il plonge dans le Bassin d’Arcachon à la rencontre de son plus fabuleux trésor : sa biodiversité. De cette expérience bouleversante, il a tiré un film « Hippocampes et autres trésors du Bassin ».
Hippocampe du Bassin d’Arcachon, de face (c) Arnaud Nadau
Pour son premier film derrière la caméra, Arnaud Nadau, plongeur scaphandrier, a su réunir un casting d’exception dans des décors à couper le souffle. Littéralement. Les eaux vertes et opaques du Bassin cachent décidément très bien leur jeu. Qui pourrait croire qu’à quelques dizaines de mètres à peine des premières maisons la vie fourmille ? Qu’il y a là-dessous un trésor inestimable ? Et pas un trésor qui se conquiert au terme d’une longue et harassante quête, un X désignant l’endroit sur une vieille carte à demi effacée par le temps. Non, ce magot-là nous tend les bras.
Titulaire d’un Master en écologie aquatique, Arnaud Nadau aurait pu se faire gardien du trésor. Se le réserver pour lui, pour le visiter discrètement, dans le plus grand secret. Il a choisi de le partager au plus grand nombre, de témoigner par le biais d’un documentaire et d’inviter au voyage. Après tout, anémones, poissons, crabes étoiles de mer et être humains sont tous embarqués sur la même planète.
Et comme tout ce qu’il y a de plus beau sur La Terre, la biodiversité du Bassin d’Arcachon est fragile Le nombre de zostères est en régression, tout comme certaines populations marines, et requins et même baleines viennent s’échouer sur nos côtes. Si les causes sont multifactorielles, il est difficile de ne pas regarder de travers l’impact anthropique. Le parc à bateaux est très important, les mouillages abîment les herbiers, la Leyre charrie son lot de pollution et les déchets jetés n’importe où se retrouvent au fond de l’eau. Pourtant, Arnaud Nadau le reconnaît lui-même, le Bassin n’est pas extrêmement pollué. Une scène de son film qui montre un crabe jouer avec un déchet et s’en faire une coquille pour se protéger est d’ailleurs plus symbolique qu’autre chose.
Une anémone bijou du Bassin d’Arcachon (c) Arnaud Nadau
Ce qu’il y a de magique avec ce film, c’est qu’on oublie très vite qu’on est devant un écran. On admire les couleurs chatoyantes des coquillages, on explore les épaves avec les araignées de mer, on fuit avec les poissons, redoublant d’ingéniosité, réalisant mille et un tours de passe-passe pour échapper aux prédateurs. Déjà, ce n’est plus du documentaire, c’est la vie elle-même qui fait irruption. Et encore, c’est sans compter sur l’apparition de l’acteur vedette du film, capté dans son élément, dans la plus grande réserve de France et peut-être d’Europe et que l’on vient observer de très loin : l’hippocampe. Minuscule, d’une apparence calme et douce, sa fragilité crève l’écran comme un jeune premier. Il aura fallu deux ans et environ cinquante plongées, en solitaire, de jour comme de nuit, pour recueillir plus de trente heures de rushes.
Un travail titanesque et méticuleux que seul un passionné comme Arnaud Nadau pouvait accomplir. Rien que les scènes avec les hippocampes lui ont demandé́ beaucoup de patience et d’investissement. Pendant une semaine, il a plongé́ toutes les nuits, au même endroit, se repérant aux herbiers, à une touffe d’herbe bien précise, pour être sûr de filmer le même hippocampe. Heureusement pour lui, le cheval de mer a une zone de déplacement très réduite. Et heureusement pour nous. Car, grâce à ce dévouement, Arnaud Nadau a pu immortaliser le point d’orgue de son film, le clou du spectacle : l’accouchement d’un hippocampe mâle. On n’ose à peine imaginer la joie d’assister à cela, à plusieurs mètres sous la surface, à cette fascinante apparition de la vie, à ces centaines de minuscules créatures emportées par le courant. Comme si le roi du Bassin d’Arcachon n’attendait plus que nous. Images surprenantes, moments rares, « Hippocampes et autres trésors du Bassin » est un film à mettre devant tous les yeux pour apprendre à connaître nos plus proches voisins et à les préserver.
Limace de Mer ou Nudibranche vivant sur des éponges, et s’en nourrissant sur le Bassin d’Arcachon (c) Arnaud Nadau
Ne vous fiez pas aux apparences : les eaux vertes et opaques du Bassin d’Arcachon abritent une faune d’une incroyable richesse, en particulier la plus grande population d’hippocampes en France. Cet animal fascinant dévoile ici bien des secrets, notamment avec des images uniques d’un accouchement en milieu naturel. Découvrez aussi à travers ce film, des animaux variés aux formes et aux couleurs souvent étonnantes : poissons, limaces, crabes, anémones, coquillages, étoiles de mer… Tout un monde inattendu et insolite prêt à vous surprendre et illustrant la biodiversité à préserver.
Hippocampes et autres trésors du Bassin d’Arcachon est le premier documentaire grand format (52 min) tourné exclusivement sur les fonds du Bassin d’Arcachon. 3 ans et demi, plus de 50 plongées et 30 heures de rushes ont été nécessaires pour réaliser ce film, qui a remporté la palme d’or au Festival International du Monde Marin d’Hyères en 2017 et le prix de l’Académie du Bassin d’Arcachon la même année.
Découvrez la Bande Annonce du documentaire ici :
Et pour commander le DVD, ou tout simplement pour avoir plus d’informations, voici le site internet dédié : https://www.chevaldubassin.fr/
Photo de couverture du DVD « Hippocampes & Autres Trésors du Bassin d’Arcachon »
Le Bassin d’Arcachon abrite le plus grand herbier à zostères d’Europe. Ces zostères ne sont pas des algues mais bien des plantes à fleurs marines. Ils forment ainsi des herbiers, sortes de prairies sous-marines qui servent d’habitat, de lieu de reproduction ou de nourricerie pour bon nombre d’espèces. On compte parmi elles les hippocampes, les seiches qui viennent y pondre à la belle saison, de nombreux crustacés (crevettes, macropodes…), ou des juvéniles de poissons (sars, dorades, rougets…)
Une mosaïque d’autres habitats permet d’enrichir davantage cette biodiversité injustement méconnue. Des fonds sableux et vaseux accueillent une faune fouisseuse (notamment vers ou mollusques) ou des espèces qui s’y cachent comme les soles ou les raies. Des enrochements artificiels sont également présents, ce qui permet à la vie de se fixer ou de se cacher dans les anfractuosités. On y retrouve des éponges, des crustacés ou des poissons vivant dans les rochers comme les congres. Des fonds recouverts de coquilles, principalement des moules et des huîtres, sont le repère de nombreuses espèces telles que les étoiles de mer, les oursins, les araignées de mer… Ils y trouvent là un fameux garde manger. Des limaces de mer, appelées nudibranches, peuplent aussi le Bassin et présentent des couleurs inattendues et flamboyantes dans ce milieu d’apparence plutôt terne.
La plus grande population d’hippocampes de France est présente dans la baie. Ce drôle de poisson sans écailles présente bien des particularités : une bouche en forme de paille, des yeux indépendants l’un de l’autre, une queue de singe, et une inversion des rôles mâle et femelle.
Le Bassin d’Arcachon recèle donc des trésors cachés : une faune et une flore extrêmement riches et variées où toutes les familles d’espèces sont représentées. Cependant, elles cohabitent dans un équilibre fragile, souvent menacé par les activités humaines. Gageons que cette biodiversité puisse être préservée pour les générations futures…
Découvrez notre article dédié à la pêche traditionnelle sur le Bassin : https://www.arcachonecotours.com/2019/08/28/peche-bassin-arcachon/